Incitations pour les pompes à chaleur en Europe : sont-elles suffisantes ?

Pour atteindre les objectifs de l'Union européenne de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de neutralité climatique d'ici 2050, plusieurs pays membres ont mis en place des politiques et des incitations fiscales pour promouvoir l'adoption de technologies énergétiques propres. Les pompes à chaleur sont une solution avantageuse à tous égards : elles assurent un confort intérieur élevé et, surtout lorsqu'elles sont combinées à des sources d'énergie renouvelables, contribuent à la décarbonation. Malgré leur valeur stratégique, les coûts d'achat et d'installation initiaux constituent un frein pour de nombreux consommateurs. Pour encourager le choix de ces systèmes plutôt que des chaudières traditionnelles à combustibles fossiles, les politiques et incitations fiscales, tant européennes que nationales, peuvent jouer un rôle clé. Mais sont-elles suffisantes pour favoriser l'adoption des pompes à chaleur ?
Cet article analyse les initiatives les plus récentes mises en place dans les principaux pays européens pour promouvoir l'utilisation des pompes à chaleur. Cependant, compte tenu de la complexité du sujet, de la difficulté à obtenir des données actualisées et de la rapidité de l'évolution de la réglementation, certaines inexactitudes peuvent subsister. Il est clair, cependant, que si certains pays continuent d'avancer dans cette direction, les efforts actuels pourraient encore être insuffisants pour assurer un déploiement à grande échelle.
Incitations fiscales et politiques gouvernementales dans les principaux pays européens
Globalement, l'Europe a intensifié ses efforts pour promouvoir l'adoption de technologies durables dans le secteur du chauffage et de la climatisation, en introduisant des incitations fiscales et des politiques visant à réduire l'utilisation des combustibles fossiles. Un exemple clé est la directive EPBD, également appelée directive « maisons vertes », qui interdit les incitations pour les chaudières à combustibles fossiles à compter du 1er janvier 2025, privilégiant l'installation de pompes à chaleur et de systèmes hybrides plus performants et durables.
Italie
En Italie, le secteur des pompes à chaleur bénéficie d'une série d'incitations fiscales et de programmes de soutien destinés à rendre ces technologies plus accessibles aux consommateurs et aux entreprises. Depuis 2020, les politiques fiscales italiennes ont été considérablement renforcées à cet égard, en mettant l'accent sur l'efficacité énergétique et la décarbonation, notamment dans le secteur résidentiel. Selon le projet de budget 2024, les bonus fiscaux pour l'efficacité énergétique en 2025 devraient être les suivants :
L'une des incitations, appelée « Écobonus », est destinée à l'efficacité énergétique des bâtiments. Elle sera reconduite pour trois ans, mais avec des déductions fiscales dégressives : 50 % en 2025, 36 % en 2026 et 2027. Les montants maximums déductibles varient selon le cas.
Le « Superbonus » restera également disponible, mais à 65 % (contre 110 % auparavant) et uniquement dans certaines situations spécifiques, comme les immeubles d'habitation ou les immeubles collectifs. Il couvre les coûts de remplacement des systèmes de chauffage obsolètes par des pompes à chaleur à haut rendement. Le Superbonus a joué un rôle majeur dans l'adoption des technologies vertes, entraînant une augmentation significative des installations de pompes à chaleur ces dernières années.
En outre, le « Conto termico 3.0 » prévoit des incitations à la rénovation des bâtiments existants, notamment en ce qui concerne les systèmes de chauffage utilisant des sources renouvelables et les systèmes à haut rendement qui remplacent les générateurs de chaleur obsolètes.
Allemagne
Après une année 2023 record, les ventes de thermopompes ont chuté de 46 % en 2024, mais la demande et l'intérêt pour le financement ont considérablement augmenté, avec plus de 151 000 demandes acceptées. L'association professionnelle anticipe une croissance du marché et a annoncé que les remises commenceront à être versées en 2025.
Selon le BMWK, les programmes BEG (Bundesförderung für effiziente Gebäude), y compris les programmes d'échange KfW, « continueront de fonctionner sans interruption » début 2025. Cela signifie que même après le 31 décembre 2024, les partenaires spécialisés et les clients pourront demander un financement pour le passage aux pompes à chaleur.
Toute personne qui remplace un système de chauffage par des énergies renouvelables dans un bâtiment existant peut bénéficier d'incitations gouvernementales grâce au Fonds fédéral pour les bâtiments performants (FBB). Plusieurs programmes proposent des pourcentages et des franchises maximales pouvant atteindre 70 % du total, selon que la demande concerne un logement individuel, un immeuble résidentiel ou un bâtiment non résidentiel.
Pologne
Le gouvernement polonais a récemment annoncé la suspension temporaire de sa plus grande initiative de subvention, le programme « Clean Air », qui couvre également les pompes à chaleur, car le soutien était axé sur les résidents des zones touchées par les inondations et sur la protection des citoyens polonais contre les entrepreneurs et intermédiaires frauduleux.
Toutefois, selon les dernières rumeurs, l'autorité qui administre le programme « Air pur » a annoncé qu'il reprendrait au printemps, à partir du 31 mars 2025, avec des subventions également pour l'achat de pompes à chaleur et d'autres rénovations fondamentales, afin de prévenir la fraude.
Espagne
Pour accélérer l’adoption de technologies propres, le gouvernement espagnol a mis en œuvre trois principales incitations pour l’installation de systèmes de chauffage à air d’ici 2025.
L'une de ces incitations est la déduction fiscale pour l'impôt sur le revenu. Concrètement, toute personne ayant installé une pompe à chaleur chez elle entre octobre 2021 et décembre 2025 aura droit à une déduction fiscale pour l'impôt sur le revenu. Cette déduction fiscale s'échelonne de 20 % à 60 % de l'investissement, dans la limite de 5 000 € par an, avec un plafond cumulé de 15 000 €. Deux certificats d'efficacité énergétique (CEE) sont requis.
Grèce
Le programme « EXOIKONOMO 2025 » vise à réduire les coûts énergétiques et les émissions grâce à une rénovation énergétique complète des bâtiments. Les bénéficiaires sont les ménages, notamment les plus modestes, les copropriétés et les petites entreprises. La priorité sera donnée aux bâtiments à faible consommation d'énergie et aux personnes à faibles revenus. Les subventions devraient atteindre 75 % à 85 % pour les personnes à faibles revenus, tandis que pour les autres bénéficiaires, elles se situeront entre 40 % et 60 %, selon les revenus et la localisation.
France
En France, le programme « Ma Prime Rénov » (MPR) est accessible à tous les ménages qui réalisent des travaux de rénovation énergétique dans leur logement, y compris l'installation d'une pompe à chaleur, sous réserve de remplir certaines conditions. Les économies d'énergie réalisées varient en fonction du revenu familial, du nombre de personnes dans le foyer, de la région et de l'ampleur des économies réalisées.
Pays nordiques
La Suède est en tête de l'Europe en matière d'utilisation des énergies renouvelables, avec la Norvège et la Finlande, et se classe parmi les pays les plus performants en termes de nombre de pompes à chaleur par habitant. Les pompes à chaleur sont au cœur de la stratégie de chauffage suédoise depuis des décennies, avec plus de 2,1 millions d'unités en service aujourd'hui.
Royaume-Uni
Le ministère de la Sécurité énergétique et des Émissions nettes (DESNZ) a récemment alloué 25 millions de livres sterling supplémentaires au programme de modernisation des chaudières (BUS). Ce programme offre des subventions de 7 500 livres sterling pour les pompes à chaleur air-eau/solaire (contre 5 000 livres sterling auparavant), ainsi que pour les combinaisons avec des panneaux solaires.
Taxes et frais d'exploitation
Outre les mesures incitatives, d’autres facteurs peuvent influencer l’adoption et l’accessibilité des pompes à chaleur, comme la réduction ou l’exonération de l’ICMS (taxe sur les biens et services).
Actuellement, dans seulement 6 des 30 pays analysés, la TVA sur les pompes à chaleur est inférieure à celle appliquée aux chaudières à gaz. À partir de novembre 2024, seuls 9 États membres de l'UE, plus le Royaume-Uni, appliqueront un taux réduit sur les pompes à chaleur par rapport à la TVA standard.
Conclusions
Les politiques fiscales et incitatives mises en œuvre par plusieurs États membres de l'Union européenne encouragent l'achat de pompes à chaleur, élément clé de la transition énergétique du continent. Cependant, des défis persistent et ralentissent ce processus, notamment la difficulté d'accès aux incitations et le manque de sensibilisation des consommateurs aux avantages de cette technologie, encore jugée trop coûteuse.